Sans l’autre, « je » n’existe pas.

Les racines de l’estime de soi : les toutes premières relations 

Caroline, une femme  d’une trentaine d’années, se plaint de ne pas se sentir exister.

«C’est quoi, ne pas se sentir exister ?».

Caroline : « c’est difficile à expliquer, ne pas se sentir exister, c’est surtout ne pas oser être soi dans la relation, c’est paniquer dans la relation…Et puis aussi, c’est se sentir vide… »

Caroline a été abandonnée quand elle était enfant. Elle est encore hantée par l’abandon de sa mère.

Selon Winnicott, pédiatre anglais, le sentiment d’identité se construit à partir des soins reçus de la mère. Au début, l’enfant ne différencie pas le soi du non soi, il ne se vit pas comme un être séparé des autres. Il se sent en morceaux, habité par des « pulsions » qui le tiraillent dans tous les sens. C’est progressivement qu’il va acquérir le sens de son identité. S’il reçoit des soins appropriés de sa mère, si la mère est « suffisamment bonne », il passe par un stade de « pensée magique », un stade où il se sent tout puissant. Cette illusion le renforce. Elle stimule ses capacités mentales et lui permettra, plus tard, d’acquérir davantage d’autonomie et de construire une identité solide.

Les enfants confrontés à des carences (abandons, soins inappropriés…) ont souvent une fragilité intérieure : ils s’affirment difficilement et se débattent avec des sentiments de de non valeur  ou de vide. Dans la relation, ils ont souvent peur de l’abandon et ont un besoin énorme d’être rassurés. Ils développent « un faux-self » : ils s’hyperadaptent aux besoins du milieu (en s’oubliant eux-mêmes). Le vrai self est dissimulé pour être protégé. On dit que le self est « clivé ».